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On aimerait que nos enfants développent leurs talents. Et nous oublions le pouvoir de l’amour et de l’empathie. Et si au fond, tout commençais à la maison.

Le pouvoir de l’empathie :

Nous pouvons définir l’empathie ainsi : « L’empathie est l’expérience de comprendre la condition d’une autre personne de leur perspective. Vous vous mettez dans leurs chaussures et sentez ce qu’ils sentent. L’empathie est connue pour augmenter les comportements prosociaux (d’aide). »1.

Des études ont montré que l’empathie des enseignants favorisait la réussite des étudiants. En effet, une étude de grande ampleur menée par trois universités finlandaises a été réalisée depuis 2006 et jusqu’en 2016. Cette étude se focalisait sur les interactions avec leurs professeurs, ainsi que les coopérations entre parents et enseignants. Notons que la Finlande a un système scolaire finlandais avec les meilleurs résultats dans le cadre du programme Pisa de l’OCDE.

Les résultats de cette étude ont montré que l’empathie de l’enseignant agit favorablement sur la motivation et les compétences des enfants, aussi bien en lecture, écriture ou arithmétique. À l’inverse, un faible soutien émotionnel entraîne des comportements passifs et d’évitement. L’interaction entre l’enseignant et l’élève a une influence plus grande sur les résultats scolaires que les outils pédagogiques ou la taille des classes. Cette interaction joue un rôle important dans les mécanismes qui conduisent un enfant à avoir confiance en ses capacités et à se fixer des objectifs.

Le pouvoir de l’amour :

Et si au fond, tout commençait à la maison… Durant mes nombreux voyages et discussions, le support émotionnel des parents revenait souvent comme un élément clé de la réussite.

Au cours des trente dernières années, nous avons démontré que le besoin essentiel du jeune enfant est d’établir un lien stable et sécurisant avec une figure maternelle. Cette dernière répond à ses besoins et ce sentiment de sécurité permet à l’enfant d’explorer l’environnement. Bowlby parle  d’attachement pour décrire le lien particulier unissant l’enfant à la figure maternelle.

Dès la petite enfance, l’enfant  va développer un modèle d’attachement particulier en fonction de l’attitude de la figure maternelle à son égard. Bowlby prétend que ce lien d’attachement servirait par la suite de modèle à toutes les relations intimes et sociales de l’individu.

Problèmes de socialisation

Pour Rutter 1979 (voir Steinhauer, 1996), l’échec à former un lien sélectif durant la première enfance engendre toute une série de futurs comportements sociaux inadéquats. Pour lui, ce handicap ne pouvant être entièrement surmonté plus tard si l’enfant est placé dans un environnement plus favorable.

Selon Steinhauer (1996), un enfant qui n’aurait pas développé avant deux ans sa capacité d’attachement gardera de graves séquelles sociales et cognitives.

Loeber (1991, voir Holland et al., 1993) affirme l’existence d’une période critique durant l’enfance, durant laquelle  l’apprentissage d’habiletés sociales se déroule. Il relève que des situations de déprivation durant cette période préfigurent des comportements antisociaux ultérieurs.

Dès 1954, Bowlby relevait les liens entre les séparations précoces prolongées et les comportements agressifs et la délinquance.

En 1969, Bowlby relève, à partir d’études menées sur divers échantillons psychiatriques, le lien entre deux syndromes psychiatriques (la personnalité psychopathique et la dépression) accompagnés de deux sortes de symptômes (la délinquance persistante et la propension au suicide) et de fréquentes ruptures de liens affectifs durant l’enfance.

Goldberg (1990) réalise une recherche chez les bébés à risque et met en évidence que les nourrissons présentant un lien sécurisant étaient plus compétents intellectuellement et socialement que ceux dont l’attachement était anxieux et désorganisé (selon des suivis jusqu’à l’âge de 8 ans).

Les problèmes neurophysiologiques

Dr Meaney (1997) démontre que la croissance et le développement normal du bébé-rat dépendent de la nourriture et de la chaleur, mais aussi du toucher procuré par ses gardiens. Les bébés-singes et les bébés-rats privés de soins maternels, commencent à présenter des niveaux accrus d’hormones de stress (les glucocorticoïdes). Ces hormones sont alors en trop grandes quantités. Elles inhibent la croissance et réduisent la capacité des neurones à former de nouvelles connections. A long terme, cela a des répercussions sur le fonctionnement émotionnel et intellectuel de l’animal.

 Une  transmission intergénérationnelle  des patterns d’attachement

Les patterns d’attachement de la petite enfance se répercutent tout au long du cycle de vie mais ont également tendance à se transmettre à la génération suivante.

Les investigations (voir Zeanah, 1996) démontrent que le type d’attachement noté chez un parent dans le cours de la grossesse prédit de façon significative le pattern d’attachement du bébé au-delà de l’âge de un an.

L’étude de Fonagy et al. (1996) met en lien le type d’attachement de la mère et du père durant le dernier trimestre de grossesse et celui de l’enfant tel que mesuré par la “situation étrange” à douze mois avec la mère et à dix-huit mois avec le père. Quand la mère est préoccupée, ou détachée, près des trois quarts des enfants, après le bref épisode de séparation, répondent à leur mère de façon évitante ou inconsolable. Alors que 80 % d’enfants de mères autonomes répondent, au retour, par une diminution notable de l’angoisse. Les résultats avec les pères s’avèrent moins probants mais statistiquement significatifs.

Les solutions positives parentales

La résilience est  une combinaison d’aptitudes et d’attributs positifs acquis en raison d’expériences et de relations. Ces attributs aident à régler les problèmes, à vaincre les difficultés et à surmonter les déceptions.

Les parents peuvent aider leurs enfants à développer la résilience par diverses actions :

  • Tisser des liens solides et entretenir une bonne communication avec eux. Profiter de toutes les petites occasions pour se rapprocher d’eux – pendant les repas ou en voiture, en regardant la télé avec eux ou en faisant des tâches ménagères. Parler aux enfants de leurs travaux et de leurs activités scolaires, les aider à faire leurs devoirs, lire avec les enfants et les amenant à la bibliothèque.
  • Ecouter nos enfants quand ils parlent, leur donner notre pleine attention, avoir des conversations régulières sur ce qui se passe dans leur vie et solliciter leur opinion pendant les discussions familiales.
  • Permettre aux enfants d’exprimer leurs sentiments. Apprendre aux enfants le langage des émotions en utilisant des mots comme fâché, triste, fier, gêné ou frustré.
  • Leur permettre de dire réellement leur façon de penser, de négocier et même de parfois remettre en question les idées de leurs parents. Leur permettre de s’affirmer d’une façon respectueuse.
  • Utiliser des mesures de discipline positive : leur apprendre à comprendre les répercussions (positives et négatives) de leur comportement, de leurs gestes et de leurs choix ; fixer des limites raisonnables ; expliquer et montrer aux enfants le comportement attendu.
  • Leur permettre d’effectuer les choix appropriés pour leur âge, ainsi que de commettre des erreurs.
  • Enseigner la pensée optimiste et aider à gérer leur stress.

Conclusion:

Le système finlandais nous a montré que l’empathie était très importante dans l’enseignement.  Cependant, nous avons appris que rien ne remplace l’amour de figures parentales stables au risque d’affecter le développement de notre cerveau, de développer des comportements sociaux inappropriés. De plus,  les patterns d’attachement de la petite enfance se répercutent tout au long du cycle de vie mais ont également tendance à se transmettre à la génération suivante.

Bibliography :

  1. Bowlby, J. (1954). « Soins maternels et santé mentale ». Cahiers de l’O.M.S., Genève
  2. Bowlby, J. (1969). ” Les effets sur le comportement d’une rupture des liens affectifs “, Hygiène mentale du Canada, no 59, 1-13.
  3. Bowlby, J. (1969). Attachement et perte. Vol. 1. Attachement, P.U.F., Paris.
  4. Fonagy, P. et al. (1996). ” Fantômes dans la chambre d’enfant : étude de la répercussion des représentations mentales des parents sur la sécurité de l’attachement “, Psychiatrie de l’enfant, vol. XXXIX, no 1, 63-83.
  5. Galbaud, Diane. « L’empathie de l’enseignant, source de réussite scolaire ». amines.com/l-empathie-de-l-enseignant-source-de-reussite-scolaire_fr_35667.html  15/01/2016
  6. Goldberg, S. (1990). ” Attachment in infants at risk: theory, research and practice “, Infants and Young Children, vol. 2, no 4, 11-20.
  7. Holland, R. et al.(1993). ” Attachment and Conduct Disorder : The Response Program “, Canadian Journal of Psychiatry, vol. 38, 420-431.
  8. Meaney, M. (1997). Le développement de l’enfant et ses effets à long terme sur la santé, Conférence présentée à l’Université Mc Gill dans le cadre de l’Institute for CorText Research and Development.
  9. Michelle St-Antoine, Michelle St-Antoine. « Les troubles de l’attachement ». http://www.lenfantdabord.org/wp-content/uploads/2011/03/Troubles-de-lattachement1.pdf mars 2011
  10. Steinhauer, P.D. (1996). « Le Moindre Mal ». Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 463 p.
  11. x. « Les enfants peuvent s’en sortir Favoriser la résilience des enfants à la maison comme à l’école » https://www.desjardinsassurancevie.com/fr/evenements-vie/Documents/D%C3%A9velopper%20la%A9silience%20des%20enfants%20final.pdf
  12. x.“Empathy”. https://psychologytoday.com/basics/empathy
  13. Zeanah, C.H. (1996). ” Pathologies du lien parent-nourrisson et transmission intergénérationnelle “, PRISME, vol. 6, no 1, 55-71.

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